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Firemagma Chapitre 9

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9) Le troisième camp :


         Un crayon de papier cognait contre une feuille, qui demeurait blanche. Un homme d’un certain âge regardait Océanne au travers de ses lunettes aux verres épais. La jeune femme était assise sur une chaise, les genoux repliés sous son menton. Depuis quelques jours déjà, elle avait un rendez-vous quotidien, et surtout obligatoire chez un psychologue. Après que McGregor l’eut sauvée de sa tentative de suicide, ce dernier avait recommandé ces entretiens, conscient qu’elle avait traversé des épreuves qui l’avaient fragilisée émotionnellement.
Le vieil homme ne parvenait pourtant pas à en tirer la moindre chose. Elle s’était terrée dans un mutisme sans fin.

« Océanne tu sais… En général les patients ne sont pas obligés de parler. Et je ne romprais pas cette règle. Cependant… Les séances ne finiront jamais à ce rythme. »

La jeune rouquine serra encore plus fort ses genoux contre elle à l’aide de ses bras. Elle n’appréciait pas tellement qu’il l’appelle par son prénom à vrai dire. Elle n’avait jamais vraiment aimé les psychologues, mais celui-là c’était encore pire. On l’avait envoyée ici parce qu’on doutait de ses paroles. Mais elle avait bien vu Julien mourir, pourtant il l’avait sauvée. Elle n’était pas folle. Bon elle avait aussi accessoirement tenté de passer sous une camionnette, mais ce n’était qu’un détail pour elle. Tout ce qu’elle savait, c’est que même si elle avait eu envie de tout raconter, il ne la croirait pas plus, donc autant rester dans son silence.
Les secondes et minutes défilèrent ainsi. Rapidement, l’heure du rendez-vous se termina, et Océanne quitta le cabinet, toujours sans lâcher un mot.

« À demain, Océanne. »

À la seconde même où elle sortit, elle sursauta devant la carrure imposante du commandant de police qui l’attendait. Ce dernier était appuyé contre le mur, à l’opposé de la porte, les bras croisés sur le torse. La jeune femme ferma la porte avant de prendre la parole.

« Vous espionnez mes rendez-vous avec mon psy maintenant ?
- En aucun cas. Je n’ai pas écouté le moindre mot qui a pu s’être échangé dans cette pièce. Tout ceci relève du secret médical. »

Océanne le regarda en coin pour le jauger. C’était certes lui qui l’avait sauvée, mais aussi qui l’avait mise dans cette situation de rendez-vous, pour éviter qu’elle ne retente de se suicider. Sachant qu’elle n’avait aucunement l’intention de le refaire, et s’en voulait même. Elle ne savait pas vraiment encore si elle devait lui en vouloir ou le remercier. Elle s’attrapa le bras gauche avec sa main droite avant de s’avancer légèrement.

« Dans ce cas que faites-vous ici ? Je ne pense pas avoir fait quelque chose de mal. »

McGregor se redressa en poussant un léger soupir, et regarda la jeune femme de toute sa hauteur. Son regard avait quelque chose de compatissant. Comme s'il regrettait déjà ce qu’il s’apprêtait à lui dire.

« Je sais que tout ceci est difficile pour vous. Mais je voudrais vous parler de Julien. J’aimerais connaître tout ce que vous savez à son sujet. Vous semblez le connaître depuis longtemps, donc cela pourrait m’aider à terminer plus vite mon enquête. »

Océanne ouvrit de grands yeux tout en serrant plus fort son bras, et baissa la tête. Elle tourna les talons et commença à s’éloigner du vieux policier. Ce dernier la suivit en se mettant à son rythme.

« Je suis désolé pour cela, vraiment. Mais il faut comprendre que nous devons le retrouver rapidement afin de mettre tout cela au clair. Il est dans de sales draps, je l’admets. Mais je suis inquiet pour vous. Vous étiez très proche de cette histoire, et il pourrait s’en prendre à vous. »

McGregor avait parlé avec la plus grande sincérité. Il se faisait du souci pour la jeune femme, surtout avec ce qu’il redoutait au vu de ses récentes trouvailles. Ses paroles semblèrent toucher la petite rouquine qui s’arrêta. Elle mit un certain temps avant de répondre, réfléchissant à ce qu’elle venait d’entendre.

« Vous vous inquiétez pour moi, par rapport à Julien… ? C’est gentil, mais inutile. S’il avait voulu me faire du mal, il a eu plusieurs occasions de le faire… lança la jeune femme, avant de tourner la tête vers McGregor. Donc je ne vous dirai rien sur lui. Désolée. »

Océanne reprit son chemin, s’éloignant du commandant qui ne la suivit pas cette fois. Il aurait pu, s’il en avait eu envie, l’arrêter pour obstruction à enquête, et non révélation d’informations capitales. Mais il ne le fit pas. L’idée ne lui traversa même pas l’esprit. Il avait une réelle empathie pour cette jeune femme, et par conséquent il n’avait aucune envie de lui rajouter un souci supplémentaire. Elle avait déjà fort à faire pour se reconstruire. Il le savait.
Il se contenta de tourner les talons à son tour, et prit une sortie différente. Il se débrouillerait donc sans son aide.

***
**
*


         McGregor retourna à son commissariat une demi-heure plus tard. Un de ses collègues moins gradé l’attendait à l’extérieur dans une voiture de police, et l’avait reconduit. Durant tout le trajet il avait eu le temps de réfléchir à tout cela. Il devait trouver une solution, et rapidement. Quelque chose semblait se préparer, et ses contacts à qui il avait envoyé des photos ne lui avaient toujours pas répondu. Océanne ne l’aiderait pas, elle semblait fidèle à Julien pour une raison qu’il ignorait, surtout que ce dernier paraissait ne même pas la considérer comme une amie.

« Peut-être sa mère adoptive pourrait nous aider ? songea-t-il. Ou bien le centre qui l’avait recueilli après l’accident de ses parents ? »

Il se gratta la moustache sur le chemin de son bureau, il écarta rapidement ces possibilités pour son enquête.

« Non. Sa mère d’adoption était complètement dépassée par Julien, il n’a même pas fait de détour pour la voir après sa disparition… Quant au centre, ils ne l’ont pas gardé assez longtemps. Il faut trouver autre chose. »

McGregor ouvrit la porte de son bureau, plongé dans le noir, et alluma la lumière tout en refermant. Quatre hommes lui firent face. Tous en tenues militaire, très décorés et d’un certain âge. Cependant, ce qui frappait le plus, était la différence de gabarit entre eux, et le commandant de police. Alors que ce dernier était resté bien bâti, et en forme physique, eux qui semblaient être du même âge que lui, paraissaient s’écrouler petit à petit sous le poids des années.
Le vieux policier les regarda d’un air sévère, mais ne semblait en aucun cas surpris de les trouver là. Presque comme s'il s’y attendait.

« Je ne pensais pas trouver immédiatement les quatre généraux dans mon bureau... lança soudainement McGregor. Vous avez vieilli mes amis. »

Deux des hommes toussèrent légèrement, alors que les deux autres affichèrent un petit sourire. L’un d’eux, petit et un peu rond, assis sur une chaise, prit la parole au nom des autres.

« Tu n’as pas changé McGregor. Nous n’avons hélas pas ta chance et ta forme physique pour nous entretenir.
- Je ne suis pas sûr que l’on puisse parler de chance dans mon cas…
- Certes. Mais si nous sommes tous ici, c’est bien parce que nous sommes amis, et donc que nous avons pris ton appel très au sérieux. »

Doucement, le petit et vieil homme se leva pour se placer aux côtés de ses trois compagnons.

« Tu penses donc qu’ils sont à nouveau sur le point de s’affronter. Explique-nous davantage. »

McGregor se dirigea jusque devant la fenêtre de son bureau, et ferma le store afin que personne ne puisse les voir. Il alla ensuite jusqu’à son bureau, et prit place dans son fauteuil.

« J’ai pu observer des faits ces derniers temps, qui sont certes minces, mais on ne peut plus préoccupants. Pour la simple et bonne raison qu’ils me rappellent la dernière guerre surnaturelle... »

McGregor ouvrit un tiroir de son meuble, et en sortit plusieurs photos qu’il disposa devant les quatre généraux. Une représentait Julien, les deux autres montraient les faits que le commandant de police avait photographiés dans le parc à l’aide de son téléphone portable. Il désigna aussitôt le jeune homme.

« Ce jeune garçon est, selon plusieurs témoignages, mort il y a un peu plus d’une semaine. Cependant, j’ai été confronté à cette même personne le jour suivant.
- Es-tu sûr qu’il s’agissait bel et bien du même homme ? coupa l’un des généraux, resté silencieux jusque-là.
- Oui. Car il est réapparu à plusieurs reprises.
- Ou bien était-il réellement mort ? questionna-t-il.
- On survit difficilement à l’explosion d’une ambulance, surtout lorsqu’on est à un ou deux mètres de celle-ci. »

Visiblement le militaire ne trouva plus rien à redire. McGregor se caressa la moustache le temps d’organiser la suite de son « exposé » dans sa tête.

« Donc je me suis retrouvé confronté à cette personne, qui semblait posséder une force et rapidité incroyable… Pour son âge. Par la suite, j’ai découvert les éléments que j’ai transmis au quartier général. À savoir le tronc d’arbre abattu à mains nues, et les traces de brûlure… Voilà ce qui me fait penser que l’histoire risque de se répéter. Encore. »

Les généraux qui avaient assimilé toutes les informations reculèrent légèrement, et parlèrent entre eux à voix basse. La discussion s’allongea sur plusieurs minutes, ne parvenant pas à se mettre d’accord. Durant ce laps de temps, le commandant de police avait allumé sa petite télévision, en enlevant toutefois le son pour éviter de les gêner.
S’étant visiblement mis d’accord, ils revinrent ensemble vers leur vieil ami.

« McGregor, nous avons bien réfléchi à ce que tu viens de nous expliquer. Tu connais sûrement bien mieux que nous les facteurs qu’il faut prendre en compte pour prendre une telle décision… commença un premier.
- Les faits que tu nous présentes sont certes préoccupants, mais insuffisants. Nous ne pouvons pas affirmer avec certitude que ces puissances vont de nouveau s’affronter.
- Et pour un problème de cette ampleur, il nous faut du solide. Enfin, plus que cela. Nous ne pouvons lancer notre armée et inquiéter la population qui se posera des questions. »

L’un des quatre généraux, le petit et rond resta cependant en retrait, ne prenant pas la parole. Ce dernier était pour faire confiance à l’instinct de McGregor, mais la majorité l’avait emporté sur le choix opposé.
Le commandant posa ses deux coudes sur la table, et joignit les mains devant sa bouche, le regardant sévèrement. L’un des trois opposants reprit la parole.

« Cela ne fait que quinze ans depuis leur dernier affrontement McGregor. C’est trop tôt. On n’a jamais vu deux guerres en une seule vie, et tu as vécu la tienne.
- Nous pouvons comprendre que tu t’inquiètes d’un nouvel affrontement, mais il n’y a vraiment pas de quoi avoir peur. »

Le regard de McGregor s’assombrit légèrement. Il était sûr de ce qu’il avançait. Au même moment son regard se posa furtivement sur la télévision. Les images retinrent son intention, et il afficha un léger sourire derrière ses mains.
Sans dire un seul mot, il attrapa la télécommande qui se trouvait sur son bureau, et monta le volume audio pour inciter ses invités à regarder.
Une équipe de reporter était visiblement sur place, où se trouvait un immense incendie. Les flammes semblaient destructrices.

« … En effet, comme vous pouvez le voir, l’incendie s’est déclaré sans raison apparente ! Le dernier volcan terrestre qui est à proximité ne s’est même pas réveillé, et un acte criminel est tout à fait à exclure étant donné l’importance des dégâts ! La forêt entière est en proie aux flammes, c’est à n'y rien comprendre ! »

Soudain le journaliste se tut, portant une main à son oreille comme si quelqu’un lui donnait de nouvelles informations.

« On vient de m’informer qu’un autre étrange phénomène climatique vient de se produire ! Dans la région de Shina, de puissantes tornades viennent de se déclarer sans qu’aucun indice n’ait laissé présager leurs venues ! Une ville entière a été rasée alors que… »

McGregor venait de couper le son cette fois, et reporta son attention vers ses camarades. Le message venait de passer avec brio. Les trois généraux qui s’opposaient à cette idée reculèrent légèrement, alors que le quatrième s’avança de nouveau pour prendre la parole.

« McGregor. Je pense qu’il est temps pour vous de reprendre votre véritable uniforme. Je sais que la dernière guerre vous a coûté très gros, peut-être même trop, mais vous vous êtes pourtant brillamment démarqué. Je pense pouvoir parler au nom de tous, en demandant le retour de notre général en chef ! »

Le ton avait immédiatement changé. On pouvait ressentir du respect dans ces dernières paroles. Aussitôt les quatre généraux se mirent au garde-à-vous devant McGregor qui se leva de son fauteuil. Ce dernier afficha de nouveau un léger sourire, mais cette fois presque gêné.

« Repos mes amis, pas de ça entre nous. »

Ces derniers s’exécutèrent aussitôt. Le vieil homme posa ses mains sur le bureau, réfléchissant l’espace de quelques dizaines de secondes. Pesant le pour et le contre, il prit pourtant sa décision très rapidement.

« Vous pouvez tout préparer pour ma venue. Le temps de rassembler mes quelques affaires, et je serai là dans les plus brefs délais. »

Sans le moindre mot, les quatre généraux se remirent au garde à vous, et sortirent de la pièce en file indienne, laissant McGregor seul. Il poussa un long soufflement avant de porter son attention vers sa bibliothèque calée contre le mur. Il s’y dirigea doucement.

« Après quinze ans… Me voilà contraint de retourner sur le champ de bataille… »

Au même rythme que ses pas, le commandant déboutonna entièrement sa chemise.

« … J’avais utilisé la passerelle pour entrer dans la police afin de ne pas rester inactif, et continuer à combattre… »

Arrivant devant le meuble, il retira un livre plutôt épais, et introduisit sa main à la place. Quelques secondes plus tard, un « clic » retentit. La bibliothèque trembla légèrement, et dans un nuage de poussière, elle se décala sur la droite.
McGregor laissa tomber sa chemise dans son dos, dévoilant une musculature imposante, et plus qu’impressionnante pour une personne de son âge. Une cicatrice entourait toute son épaule gauche, et une partie de son torse du même coté.

« … Mais à aucun moment je n’aurais imaginé… Devoir retourner en arrière, et reprendre les armes. »

Entrant dans la pièce, complètement baigné dans la lumière, il passa devant une vitrine où reposait un uniforme militaire de général. Se dirigeant vers le fond de la salle, il arriva devant deux petits objets en forme de demi-cercle. Alors qu'il les empoigna tous les deux, une lame bleue jaillit d’une extrémité de chacune d’elle, avant de re-disparaître aussitôt. Il les rangea dans ses poches.

« Parfait, elles marchent toujours. »

Son attention se dirigea alors vers un énorme bloc noir, entreposé dans un coin. Il l’attrapa à son tour avec sa main gauche, il le souleva jusque devant lui. On pouvait voir aux marques sur le sol que l’objet devait être particulièrement lourd. Immédiatement, des lignes bleues fluo apparurent tout du long, un vrombissement se fît entendre, et un viseur sortit sur le coté.
McGregor le cala sur son épaule, tournant la tête vers son uniforme cette fois-ci.

« La guerre avec les démons peut reprendre. »
Ecrit-Histoire-Scénario © :iconfiremagma:

Prochainement:



[...] Pestant, Firemagma se remit debout, s’éloignant un peu plus de la falaise. Il était hors de question qu’il échoue une seconde fois.
Une nouvelle fois, il imita la position de son partenaire du moment, et tenta de faire sa sphère de protection. Cette seconde tentative se solda par une nouvelle explosion qui l’envoya une fois de plus rouler au sol sur plusieurs mètres. Se relève une nouvelle fois et reprend sa position pour une troisième tentative. Cette fois il décide de mettre moins de puissance pour éviter l’explosion, cependant la sphère ne se forme pas dans son intégralité, laisser des ouvertures béantes qui ne le protégeait pas, l’obligeant à recommencer. [...]


10) L'épreuve du feu
a. Détermination
==> le 28.12.14


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Dekomia's avatar
oooooh
oooooooOOOH
OOOOOOOOOOOH

tout se met en place petit à petit je vois, et c'est très intéressant! :3 continue comme ça :D